Yasuni : ce que révèle notre expédition sur les espèces rares de la forêt équatorienne
Un mois d’inventaire pour un bilan sans appel
En décembre 2023, nous avons mené une expédition scientifique de terrain au cœur du parc national Yasuni, en Amazonie équatorienne. Objectif : inventorier les espèces d’amphibiens, de reptiles et d’oiseaux sur quatre zones distinctes, dans un des derniers bastions de biodiversité primaire du continent.
En pleine zone d’expansion pétrolière, notre mission s’inscrit dans un contexte d’urgence : la forêt disparaît, parfois avant même que ses habitants soient découverts.
Pourquoi le parc Yasuni ?
Le parc national Yasuni est un hotspot de biodiversité mondial. Il abrite des espèces uniques, dont certaines n’existent nulle part ailleurs. Malgré sa protection théorique, la pression humaine (déforestation, exploitation pétrolière) y est croissante.
Notre objectif : fournir une photographie actualisée et documentée de la faune locale, espèces communes et rares confondues, avec une attention particulière aux espèces endémiques ou à enjeux de conservation.
Une mission collective sur le terrain
L’expédition a rassemblé :
- Des naturalistes français (herpétologues, ornithologues) : Damien Lecouvey, Matthieu Berroneau, Vincent Prémel, Thibaut Rivière
- Des partenaires locaux : communauté Kichwa, université d’IKIAM
- Des étudiants, logisticiens, fixeurs, journalistes (Géo): Marine Menier, William Wadoux, Joël Schuermans…
- Une équipe technique audiovisuelle: Manon Kole, Alice Postic et Lucas Perrogon
Le travail s’est organisé autour d’un camp de base (Mandari Panga) et de 4 camps avancés prospectés à pied, en pirogue, de jour comme de nuit.
Comment avons-nous travaillé ?
- Amphibiens et reptiles : repérage visuel (VES), auditif (AES), prospections nocturnes à la lampe, captures ponctuelles.
- Oiseaux : points d’écoute, transects, filets de capture, base eBird.
- Chaque espèce observée a été identifiée, localisée, photographiée, et les données croisées avec les listes rouges locales.
Ce que nous avons trouvé
- 82 espèces d’amphibiens, dont 12 endémiques.
- 106 espèces de reptiles, dont plusieurs sub-endémiques et menacées.
- Des espèces emblématiques ou rares :
- Gastrotheca longipes, la grenouille marsupiale de Pastaza, retrouvée dans 4 zones
- Chelonoidis denticulatus, tortue terrestre vulnérable
- Ranitomeya ventrimaculata, dendrobate coloré et discret
- Des serpents sub-endémiques (Micrurus ornatissimus, Siphlophis compressus)
- Un anaconda femelle de plus de 5m50
- Absences notables : Atelopus spumarius (ciblée mais non observée, espèce très menacée)
Ce que ces données nous disent
Les cortèges sont riches, équilibrés, et spécifiques à certains habitats (mares, crêtes, bord de rivière, etc.). L’observation d’espèces sensibles et localisées prouve que la forêt joue encore son rôle de refuge.
Mais les habitats sont fragmentés, certains spécimens rares, et les menaces bien réelles. Ce type d’inventaire sert de référentiel à court et long terme.
Et maintenant ?
- Le rapport complet est disponible sur demande.
- Des communications scientifiques sont en préparation.
- Une conférence de restitution est prévue courant 2025.
Pour suivre les prochaines missions, soutenir nos expéditions ou participer en tant que partenaire, contactez-nous.
Damien Lecouvey
Aventurier – Naturaliste – Herpétologue
www.damienlecouvey.com