Les zoos contribuent-ils à la préservation des espèces?
L’animal en captivité est une forme de divertissement au même titre qu’un parc d’attraction. Sujets à controverse et souvent au cœur des polémiques, il semble important de s’interroger sur l’aspect éthique des zoos. Se vantant de participer à la préservation des espèces, nous allons essayer de voir si c’est réellement le cas. Ayant évolué sur leur mode de fonctionnement, le bien être animal semble aujourd’hui prendre une part importante dans l’aspect organisationnel de…certains parcs. Car finalement, malgré une amélioration des espaces, qui n’a jamais croisé le regard vide d’un animal derrière sa clôture? Ce dernier supportant le va et vient intempestif des visiteurs armés d’appareils photos et de paquets de pop-corn…
Quelques chiffres: (sources Société.com)
Pour le zoo de Beauval en 2018:
59 816 200.00 € de chiffre d’affaire et un résultat net de 4 538 200 euros.
Pour le zoo d’Amnéville en 2018:
13 768 900 € de chiffre d’affaire et un résultat net de 8600 euros. (-628000 euros en 2017 et un placement en redressement).
Pour Marineland:
4 566 300 € de perte.
Certains grands zoos sont des sociétés, donc à but lucratif, ou d’autres comme le parc de l’Auxois sont montés en association et donc à but non lucratif. On remarque finalement qu’il peut y avoir de très fortes disparités financières d’un parc à l’autre. On constate que Beauval réalise un très gros bénéfice, dont une grosse part est réutilisée à des fins de protection de la biodiversité, alors que Marineland perd quasiment 5 millions d’euros et se retrouve au centre de nombreux scandales. Ceci peut engendrer des questions…la course à l’équilibre financier pourrait-elle conduire à des tentatives d’économies sur la qualité de vie de l’animal? Au final nous ne connaissons pas de sociétés qui ne cherchent pas à réaliser de profits…
La préservation des espèces:
Une partie des bénéfices de certains parcs est réutilisée à des fins de protection, de tentatives de réintroduction ou de préservations d’espèces menacées. Ces initiatives sont bien évidemment respectables, et le travail des spécialistes sur le sujet est indéniable. Beauval a par exemple participé à la réintroduction de gorilles au Gabon en collaboration avec l’association Aspinall. Cependant il faut savoir que la naissance en captivité entraîne une forme d’évolution de l’espèce, et que la chance de survie en milieu sauvage sera faible voire quasi impossible pour beaucoup.
Des zoos communiquent souvent sur les réussites de reproduction d’espèces particulièrement menacées. Cela semble être positif au premier abord. Mais avec du recul, la sauvegarde en captivité a-t-elle réellement un sens? Certaines espèces sont très complexes à réintroduire en milieux naturels, et par conséquent la reproduction engendrera un maintien de l’espèce en milieu clos uniquement. C’est ainsi que 31 espèces ont disparu de la vie sauvage et n’existent plus qu’en captivité. Il faut savoir que les tentatives de réintroduction coûtent extrêmement cher et prennent beaucoup de temps ,mais certains parcs jouent le jeu. Le zoo aura probablement un rôle important dans le futur sur ces différents programmes, et sera la dernière chance avant une potentielle extinction totale.
De grandes disparités:
Sans même parler de certains zoos à l’étranger dont les conditions de vie des animaux sont absolument abominables, on peut constater de réelles disparités rien qu’en France. Il peut y avoir des associations qui gèrent de très petits zoos, avec peu d’espèces mais qui placent le bien être animal au centre des préoccupations.D’ailleurs ces associations récupèrent bien souvent des animaux détenus illégalement, ou ayant été parfois maltraités. Il peut aussi y avoir des grosses structures qui garantissent des spectacles de hautes volées…mais pensez vous qu’un bassin de 60 mètres suffira à un orque de 5 tonnes? Il est par contre difficile de faire des comparatifs sur l’espérance de vie en milieu naturel et la captivité car il existe de très grandes différences en fonction des espèces. Les cétacés captifs sont d’ailleurs au cœur de nombreuses polémiques depuis quelques années.
Des parcs ont fait de gros efforts pour tenter de rapprocher les enclos du milieu d’origine de l’animal. Même dans un espace amélioré, un éléphant par exemple a besoin physiologiquement de parcourir de nombreux kilomètres pour s’épanouir. On peut aussi reprocher le manque d’endroits isolés pour les animaux, pour qu’ils puissent se cacher du public quand ils le souhaitent. Certaines espèces subissent donc beaucoup plus que d’autres la captivité.
L’information au public:
Des panneaux informent en général l’état de menace de l’espèce dans son milieu. Il semble complexe que l’aspect divertissant du zoo puisse suffire à engendrer une vraie prise de conscience pour le visiteur. Parfois les informations sont très succinctes voire imprécises et il est rare de voir des gens s’attarder sur ces informations.
Quels contrôles?
En France, l’arrêté du 25 mars 2004 fixe les règles de fonctionnement et les caractéristiques générales des installations des établissements zoologiques , présentant au public des spécimens vivants de la faune locale ou étrangère et relevant de la rubrique 21-40 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement.
Une directive européenne a engendré un rapport par pays. Un panel de 25 zoos a été sélectionné au hasard et a fait l’objet d’un contrôle. Il en ressort qu’en moyenne à peine 17% des espèces présentes dans les parcs sont classifiées de menacées. Moins de la moitié des établissements participent à des programmes de préservation. Le rapport mentionne aussi que la sensibilisation du public est trop faible et qu’un enclos sur quatre n’est pas adéquat à l’espèce concernée. Et au final trois zoos sur vingt-cinq ne sont pas en phase avec l’arrêté de mars 2004.
Finalement à la question du rôle des zoos dans la préservation des espèces menacées, la réponse n’est pas binaire. De vraies disparités sont constatées, et même sur les programmes de réintroduction de grands parcs, les résultats sont difficilement quantifiables à court terme. Le problème est assurément en amont, avec la destruction massive de l’environnement des animaux de la planète. Sans changements radicaux, la liste des espèces disparues va augmenter de façon exponentielle. Il semblerait alors que sans espaces sauvages adéquats, les tentatives de réintroduction seront vouées à l’échec.